VAGUE DE PAPIER SUR LES CORRESPONDANCES ÉLECTRIQUES



Tout a une faim. Et j'ai une bonne demi-douzaine de chiens aboyant-famine aux crocs longuement plantés dans mes mollets. Je suis en colère. Contre moi-même. Je passe mes jours dans la jungle électrique à retourner ma tête dans tous les sens ; le mot de torticolis n'ayant plus le moindre sens pour un cortex défaisant sans trêve la nasse grise de ses méandres. Je vais rentrer sous ma tente. Et peu importe que j'y découvre un désert plutôt que des tentures achéennes et des coussins moelleux… Il n'y a plus de secret. Je dois retourner mes miroirs et entrer méthodiquement dans la nuit. Depuis quelques mois déjà, les espions de La Société Universelle de la Fiction enquêtent sur mon sujet. Leurs rondes silencieuses ont porté leurs pas jusque dans mes rêves sourcilleux, et je crois entendre des murmures et des sons électriques de l'autre côté du mur. Je crois qu'ils se penchent désormais sur mon épaule, comme des anges déchus ou des fantômes. Et ce n'est rien de dire que le sang frais de ce lieu se voit menacé d'ores et déjà d'un crime microbiologique… Le jour précis de son premier anniversaire, le blog du correspondancier est donc menacé —tel un récif corallien près les côtes australiennes— par un immodéré et immérité retour à la fiction, au papier, aux savanes d'encres, aux savantes ratures et aux mille et uns cafés. Il y a désormais un grand péril de déperdition uni-globale de diversité biologique en germe parmi ces lignes, et mes stocks de résistance diminuent à vue d'œil comme ce silence grandit. Nul ne peut dire si quelque prurit électronique fils de l'addiction et de la désinvolture ne me forceront pas la main dans le sens d'épisodiques retours ? Comment savoir. Le pire n'est pas toujours sûr. Néanmoins, ma voix ne sera longue que dans le désert blanc, et je ne peux laisser pour l'instant qu'un souci d'explorateur à mes fidèles lecteurs. Acceptez donc parmi mes remerciements sincères, cet indéfinitif claquement de porte, et les modestes clics spatio-temporels qui vont avec. À bientôt donc, ici ou là…


samedi 11 octobre 2008

LE TÊTATÊTA

Elle comprendrait — ne comprend-elle pas toujours ? En fait non mais c'est une autre histoire — !
Si seulement elle pouvait savoir le plaisir malin que je prends à lui dire ça comme ça, à tout bout de champs-chant : “ Si tu pouvais voir la tête que tu fais, en fait ? ” et bien là, alors là évidemment qu'elle comprendrait. Elle comprendrait qu'il n'y a rien à comprendre, mise à part sa tête. Sa tête ? Bien évidemment qu'elle ne peut pas la voir, et que c'est exactement de cela qu'il s'agit dans cette phrase couperet roulant comme une bille ! D'une situation guillotinesque abolissant toute psychologie des personnages. Cette tête, je viens de la lui décrire. Sa tête… Je ne comprends pas, qu'elle dit, ma tête ! Elle ne comprend pas que je ne fais que prendre en compte le fait même de sa tête, absente de sa tête, réduite à la mienne qui la renvoie, lui correspond au beau milieu de ce laps sonore inscrit là-haut entre guillemets. Elle est là gisante dans son propre non-sang sa tête ; tête précise, qu'elle fait et qui se défait dans le miroir jivaro de la mienne. Tête au cou coupé inscrite en taille douce, camée au-dedans de mes pupilles brillantes de plaisir.