Une publicité télévisée pour une marque automobile teutonne claironne sur fond d'azur asphalté, que son produit peut atteindre les 100 km/h en moins de 14 secondes… Aussitôt, le taux de testostéronne fait un bond dans les sondages médiamétriques, et les clichés s'empilent comme les moellons de la pyramide sociale. Le paysage est magnifique, qui pourrait tout aussi bien vanter les mérites supposés d'une compagnie de tourisme ou d'une fabrique de saucisson. On est forcé d'être songeur, on en mis en faillite critique dans l'angle choisi démonstratif. . Transis derrière les orbes fauves métallisés du bolide faisant l'article on songe ces virages à flanc de montagne ressortissant au décorum caverneux qui jouxte les profils parallèles de la Joconde. Le vertige atteint très tôt les limites du plaisir ; et que voguent les carcasses dans les ciels étoilés, que volent dans les ronces tous les corps ensanglantés, que plongent à travers les pentes les fragments d'alliage déchiquetés par une main fractale. Huile d'olive, shampoing, aliment canin… La publicité automobile fait long feu et ces 14 secondes n'en finissent pas de s'écouler. À l'époque de Balzac, il fallait quatre jours pour se rendre de Tours à Paris. Les coches n'étaient déjà plus ceux de l'époque montaigneuse, et l'insécurité des routes était déjà revenue de tout. Il pouvait s'en passer, des choses, selon la même centaine de kilomètres qui n'étaient pas encore 14 de nos modernes et trop modernes, secondes.
14 secondes… Une ligne par seconde… 14 lignes comme un sonnet trépané.