VAGUE DE PAPIER SUR LES CORRESPONDANCES ÉLECTRIQUES



Tout a une faim. Et j'ai une bonne demi-douzaine de chiens aboyant-famine aux crocs longuement plantés dans mes mollets. Je suis en colère. Contre moi-même. Je passe mes jours dans la jungle électrique à retourner ma tête dans tous les sens ; le mot de torticolis n'ayant plus le moindre sens pour un cortex défaisant sans trêve la nasse grise de ses méandres. Je vais rentrer sous ma tente. Et peu importe que j'y découvre un désert plutôt que des tentures achéennes et des coussins moelleux… Il n'y a plus de secret. Je dois retourner mes miroirs et entrer méthodiquement dans la nuit. Depuis quelques mois déjà, les espions de La Société Universelle de la Fiction enquêtent sur mon sujet. Leurs rondes silencieuses ont porté leurs pas jusque dans mes rêves sourcilleux, et je crois entendre des murmures et des sons électriques de l'autre côté du mur. Je crois qu'ils se penchent désormais sur mon épaule, comme des anges déchus ou des fantômes. Et ce n'est rien de dire que le sang frais de ce lieu se voit menacé d'ores et déjà d'un crime microbiologique… Le jour précis de son premier anniversaire, le blog du correspondancier est donc menacé —tel un récif corallien près les côtes australiennes— par un immodéré et immérité retour à la fiction, au papier, aux savanes d'encres, aux savantes ratures et aux mille et uns cafés. Il y a désormais un grand péril de déperdition uni-globale de diversité biologique en germe parmi ces lignes, et mes stocks de résistance diminuent à vue d'œil comme ce silence grandit. Nul ne peut dire si quelque prurit électronique fils de l'addiction et de la désinvolture ne me forceront pas la main dans le sens d'épisodiques retours ? Comment savoir. Le pire n'est pas toujours sûr. Néanmoins, ma voix ne sera longue que dans le désert blanc, et je ne peux laisser pour l'instant qu'un souci d'explorateur à mes fidèles lecteurs. Acceptez donc parmi mes remerciements sincères, cet indéfinitif claquement de porte, et les modestes clics spatio-temporels qui vont avec. À bientôt donc, ici ou là…


mercredi 25 juin 2008

BAGDAD ET CETERA…

Il n'est pas mort. Mais il vit chaque seconde comme l'empreinte d'une mort lente. Il y a, au cœur de chaque seconde, une seconde aveugle où son cœur ne bat pas. Son cœur n'est pas mort. Mais il ne bat pas comme un cœur normal. C'est un cœur qui est battu. Qui est battu et même contrebattu par le fantôme vorace qui gît au fin fond des secondes se nourrissant de rythme. Il est vaincu par ce cœur noir, par ce sphinx aveugle qui lui bouffe le rythme cardiaque comme un lion sa proie vivante. Le rythme n'est pas mort. Mais il dévie en permanence et s'enfuit au fond d'un puits. L'air lui manque. Parfois l'oxygène au cœur de l'air. Le monde autour de lui continue à être monde, sans rien voir ni sans rien changer. Le monde n'est pas mort. Mais chaque seconde, chaque battement de cœur, chaque jour trop ensoleillé est un monde à vaincre en soi. Il rêve d'un soleil mort. Partiellement mort. D'un soleil sans chaleur et d'un cœur qui puisse le supporter.
Je n'irai jamais à Bagdad, disait-il ! Ni à Rio de Janeiro, ni à Bangkok, ni Biseiba de la Frontera, où l'on dit que des fleurs rouges poussent dans la mer…