Le problème avec les Voyageurs, c'est qu'ils reviennent. La tête pleine de sable de sel et de vent, ils semblent n'avoir pour but que de nous mettre illico la tête dans le sable, la cervelle dans le sel et la raison en plein vent… En vérité : Ils n'aspirent qu'à nous noyer poissons ( et qui a connu l'inévitable soirée diapo d'amis partis en safari découverte au Kenya, en trek durable dans la Pampa ou en stage de surf sur le Lac Baïkal sait, peu ou prou, de quoi ici l'on trave et, plus précisément, ce que l'on a traversé en lieu et place de paysages ! )
Saint-Malo est une petite ville étonnante, pétrie de rêves anciens et de nouvelles pensées. Les unes s'ébrouent sur les autres en secouant leur belle crinière d'écume et leur manifeste littéraire ; même s'il reste extrêmement difficile — sans saloper le moindre et rouge tapis — d'essuyer, tout pleins de sable, ses pieds sur du même et mouillé sable.
Le cher petit Charles ne voyagea guère sa vie durant. Il rêva sur des cartes et des estampes, et sous le joug d'une lueur circulaire n'excédant pas trente à quarante centimètres de diamètre. De son seul et efficient voyage, il revint en déclarant tout de go : Ce pays n'existe pas ! étonnant non, disait Éden-Théa ?
L'écrivain-voyageur est un touriste qui, superbement, s'ignore.
VAGUE DE PAPIER SUR LES CORRESPONDANCES ÉLECTRIQUES
Tout a une faim. Et j'ai une bonne demi-douzaine de chiens aboyant-famine aux crocs longuement plantés dans mes mollets. Je suis en colère. Contre moi-même. Je passe mes jours dans la jungle électrique à retourner ma tête dans tous les sens ; le mot de torticolis n'ayant plus le moindre sens pour un cortex défaisant sans trêve la nasse grise de ses méandres. Je vais rentrer sous ma tente. Et peu importe que j'y découvre un désert plutôt que des tentures achéennes et des coussins moelleux… Il n'y a plus de secret. Je dois retourner mes miroirs et entrer méthodiquement dans la nuit. Depuis quelques mois déjà, les espions de La Société Universelle de la Fiction enquêtent sur mon sujet. Leurs rondes silencieuses ont porté leurs pas jusque dans mes rêves sourcilleux, et je crois entendre des murmures et des sons électriques de l'autre côté du mur. Je crois qu'ils se penchent désormais sur mon épaule, comme des anges déchus ou des fantômes. Et ce n'est rien de dire que le sang frais de ce lieu se voit menacé d'ores et déjà d'un crime microbiologique… Le jour précis de son premier anniversaire, le blog du correspondancier est donc menacé —tel un récif corallien près les côtes australiennes— par un immodéré et immérité retour à la fiction, au papier, aux savanes d'encres, aux savantes ratures et aux mille et uns cafés. Il y a désormais un grand péril de déperdition uni-globale de diversité biologique en germe parmi ces lignes, et mes stocks de résistance diminuent à vue d'œil comme ce silence grandit. Nul ne peut dire si quelque prurit électronique fils de l'addiction et de la désinvolture ne me forceront pas la main dans le sens d'épisodiques retours ? Comment savoir. Le pire n'est pas toujours sûr. Néanmoins, ma voix ne sera longue que dans le désert blanc, et je ne peux laisser pour l'instant qu'un souci d'explorateur à mes fidèles lecteurs. Acceptez donc parmi mes remerciements sincères, cet indéfinitif claquement de porte, et les modestes clics spatio-temporels qui vont avec. À bientôt donc, ici ou là…
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- Dimanches
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