VAGUE DE PAPIER SUR LES CORRESPONDANCES ÉLECTRIQUES



Tout a une faim. Et j'ai une bonne demi-douzaine de chiens aboyant-famine aux crocs longuement plantés dans mes mollets. Je suis en colère. Contre moi-même. Je passe mes jours dans la jungle électrique à retourner ma tête dans tous les sens ; le mot de torticolis n'ayant plus le moindre sens pour un cortex défaisant sans trêve la nasse grise de ses méandres. Je vais rentrer sous ma tente. Et peu importe que j'y découvre un désert plutôt que des tentures achéennes et des coussins moelleux… Il n'y a plus de secret. Je dois retourner mes miroirs et entrer méthodiquement dans la nuit. Depuis quelques mois déjà, les espions de La Société Universelle de la Fiction enquêtent sur mon sujet. Leurs rondes silencieuses ont porté leurs pas jusque dans mes rêves sourcilleux, et je crois entendre des murmures et des sons électriques de l'autre côté du mur. Je crois qu'ils se penchent désormais sur mon épaule, comme des anges déchus ou des fantômes. Et ce n'est rien de dire que le sang frais de ce lieu se voit menacé d'ores et déjà d'un crime microbiologique… Le jour précis de son premier anniversaire, le blog du correspondancier est donc menacé —tel un récif corallien près les côtes australiennes— par un immodéré et immérité retour à la fiction, au papier, aux savanes d'encres, aux savantes ratures et aux mille et uns cafés. Il y a désormais un grand péril de déperdition uni-globale de diversité biologique en germe parmi ces lignes, et mes stocks de résistance diminuent à vue d'œil comme ce silence grandit. Nul ne peut dire si quelque prurit électronique fils de l'addiction et de la désinvolture ne me forceront pas la main dans le sens d'épisodiques retours ? Comment savoir. Le pire n'est pas toujours sûr. Néanmoins, ma voix ne sera longue que dans le désert blanc, et je ne peux laisser pour l'instant qu'un souci d'explorateur à mes fidèles lecteurs. Acceptez donc parmi mes remerciements sincères, cet indéfinitif claquement de porte, et les modestes clics spatio-temporels qui vont avec. À bientôt donc, ici ou là…


samedi 21 mars 2009

FLEURS & MOUTONS


Et un et deux et trois braves types qui, sous mes yeux, traversent le Parc —mon Parc— avec un bouquet de fleurs dans les mains… Ma parole ! quel est donc ce complot contre mon inconséquence et la pauvreté de mon imagination créatrice de désir, de réactivation passionnelle à la foi conjugale ? Hé quoi ! Certes il fait beau ; même grand bleu. Certes nous sommes samedi. Certes il est tôt. Certes je… Oh mais un instant ! Une seconde Monsieur le bourreau des cœurs. Ça y est, je l'ai ! Ne sommes-nous pas le 21 Mars et donc, comme tous les ans, le premier jour du Printemps. Intérieures, des cloches calendaires sonnent donc et leurs battants, durs, pistilés, sanguins, remuent l'aube comme une cuiller le café au lait. Et voilà comment les mâles du quartier sont soudain pris d'une turgescence amoureuse et florale, ainsi comme à la guerre s'en allant cueillir des projectiles communicants chez le fleuriste du coin. Belle bande de beaux-frères de Panurge en vérité. Belle bande de bœufs. Et quel cruel manque d'imagination tout de même ? Dire qu'un instant j'ai failli… Ah, que la peste soit de la publicité. C'est bien sûrement demain ou après-demain que j'en achèterai moi, des fleurs. Et tiens ! même que je me les offrirai à moi-même, pourquoi pas ? Solennellement sur la pas de la porte, en regard du grand miroir qui domine toute l'entrée de l'appartement. De plus, le Printemps les gars, c'était hier. Ce n'est tout de même pas de ma faute si vous ne savez pas ce que c'est qu'une foutue équinoxe ! Ce n'est tout de même pas ma faute si je n'y ai pas pensé !