VAGUE DE PAPIER SUR LES CORRESPONDANCES ÉLECTRIQUES



Tout a une faim. Et j'ai une bonne demi-douzaine de chiens aboyant-famine aux crocs longuement plantés dans mes mollets. Je suis en colère. Contre moi-même. Je passe mes jours dans la jungle électrique à retourner ma tête dans tous les sens ; le mot de torticolis n'ayant plus le moindre sens pour un cortex défaisant sans trêve la nasse grise de ses méandres. Je vais rentrer sous ma tente. Et peu importe que j'y découvre un désert plutôt que des tentures achéennes et des coussins moelleux… Il n'y a plus de secret. Je dois retourner mes miroirs et entrer méthodiquement dans la nuit. Depuis quelques mois déjà, les espions de La Société Universelle de la Fiction enquêtent sur mon sujet. Leurs rondes silencieuses ont porté leurs pas jusque dans mes rêves sourcilleux, et je crois entendre des murmures et des sons électriques de l'autre côté du mur. Je crois qu'ils se penchent désormais sur mon épaule, comme des anges déchus ou des fantômes. Et ce n'est rien de dire que le sang frais de ce lieu se voit menacé d'ores et déjà d'un crime microbiologique… Le jour précis de son premier anniversaire, le blog du correspondancier est donc menacé —tel un récif corallien près les côtes australiennes— par un immodéré et immérité retour à la fiction, au papier, aux savanes d'encres, aux savantes ratures et aux mille et uns cafés. Il y a désormais un grand péril de déperdition uni-globale de diversité biologique en germe parmi ces lignes, et mes stocks de résistance diminuent à vue d'œil comme ce silence grandit. Nul ne peut dire si quelque prurit électronique fils de l'addiction et de la désinvolture ne me forceront pas la main dans le sens d'épisodiques retours ? Comment savoir. Le pire n'est pas toujours sûr. Néanmoins, ma voix ne sera longue que dans le désert blanc, et je ne peux laisser pour l'instant qu'un souci d'explorateur à mes fidèles lecteurs. Acceptez donc parmi mes remerciements sincères, cet indéfinitif claquement de porte, et les modestes clics spatio-temporels qui vont avec. À bientôt donc, ici ou là…


mercredi 19 novembre 2008

TIT CHAT



Les plantes poussent comme des plantes. Les pierres roulent, ricochent, ruinent et se ravalent en façade parmi d'autres pierres. Les animaux vivent comme des animaux qui vivent, entre autre, parmi les plantes et les pierres. Partout les différentes couleurs diffèrent, et les variantes du bleu bleuissent leur base commune. La Provence serait provençale par nature, et Lyon à peine dépassé, toutes les boutiques accrochent à leur enseigne le même bouquet de lavande ayant valeur d'absolu. Ici, plus haut, plus loin, plus tôt, bien qu'elle n'aime pas son prénom M. s'appellera toujours M., même si elle part en Provence où les animaux les plantes et les pierres bleuissent sous un soit-disant azur permanent. Pourtant, on sait bien que rien ne ressemble parfaitement à rien et ça, ça sera toujours pareil. M. descendra un peu plus bas que la Provence. Elle ramassera des pierres volcaniques et d'autres, plus étranges encore, parées de mille trous de diamètres différents et qui, dans ce coin sud de l'Italie, se font appeler Pentimele… Là-bas, dans un geste naturel oublié depuis l'enfance, elle se roulera dans l'herbe sèche jusqu'au pied d'un olivier chevillé dans le sens du vent. Allongée, n'attendant rien — mais tendant peut-être à quelque chose —, M. fera éclater une nouvelle nuance du bleu à travers ces branches torves. Plus tard, plus loin, plus haut… En rentrant chez elle, elle s'offrira donc la compagnie d'un petit chat à la nuance gris-bleu. Ce n'est pas tout…