
(image d'Emmanuel Georges)
Les commencements sont souvent obscurs. Un groupe de canoéistes vient de sortir du cadre mental de la photographie, ébrouant longuement son attirail chamarré en passant devant lui. Depuis plus d'une demi-heure il se tient là, en retrait, assis à califourchon sur le parapet qui sépare la plage du petit parking municipal. Jusqu'alors l'animation a été constante, digne d'une journée estivale avec ses baigneurs, ses promeneurs et ses joueurs de toutes les sortes et les deux derniers plagistes s'apprêtent eux aussi à lever le camp. Alors qu'ils vont regagner leur voiture, l'un d'eux décide soudainement de revenir sur ses pas pour entrer à nouveau dans l'eau, jusqu'à la taille, les bras légèrement décollés du corps. Depuis le parapet, le photographe appuie sur le déclencheur de son 6/7, et voilà ! C'est tout ou presque.
Plus tard, il en fera ce tirage papier 100 par 80, contrecollé sur plaque métallique qui trônera dans le renfoncement du salon, juste au-dessus du divan. Une reproduction photographique avec, veinée dans la fin de son ciel, une très très précise couleur de prune.