VAGUE DE PAPIER SUR LES CORRESPONDANCES ÉLECTRIQUES



Tout a une faim. Et j'ai une bonne demi-douzaine de chiens aboyant-famine aux crocs longuement plantés dans mes mollets. Je suis en colère. Contre moi-même. Je passe mes jours dans la jungle électrique à retourner ma tête dans tous les sens ; le mot de torticolis n'ayant plus le moindre sens pour un cortex défaisant sans trêve la nasse grise de ses méandres. Je vais rentrer sous ma tente. Et peu importe que j'y découvre un désert plutôt que des tentures achéennes et des coussins moelleux… Il n'y a plus de secret. Je dois retourner mes miroirs et entrer méthodiquement dans la nuit. Depuis quelques mois déjà, les espions de La Société Universelle de la Fiction enquêtent sur mon sujet. Leurs rondes silencieuses ont porté leurs pas jusque dans mes rêves sourcilleux, et je crois entendre des murmures et des sons électriques de l'autre côté du mur. Je crois qu'ils se penchent désormais sur mon épaule, comme des anges déchus ou des fantômes. Et ce n'est rien de dire que le sang frais de ce lieu se voit menacé d'ores et déjà d'un crime microbiologique… Le jour précis de son premier anniversaire, le blog du correspondancier est donc menacé —tel un récif corallien près les côtes australiennes— par un immodéré et immérité retour à la fiction, au papier, aux savanes d'encres, aux savantes ratures et aux mille et uns cafés. Il y a désormais un grand péril de déperdition uni-globale de diversité biologique en germe parmi ces lignes, et mes stocks de résistance diminuent à vue d'œil comme ce silence grandit. Nul ne peut dire si quelque prurit électronique fils de l'addiction et de la désinvolture ne me forceront pas la main dans le sens d'épisodiques retours ? Comment savoir. Le pire n'est pas toujours sûr. Néanmoins, ma voix ne sera longue que dans le désert blanc, et je ne peux laisser pour l'instant qu'un souci d'explorateur à mes fidèles lecteurs. Acceptez donc parmi mes remerciements sincères, cet indéfinitif claquement de porte, et les modestes clics spatio-temporels qui vont avec. À bientôt donc, ici ou là…


mercredi 24 décembre 2008

EL NO

Je n'ai pas connu beaucoup de gens s'appelant Noël. Ni hommes, ni femmes, ni enfants… Je n'ai jamais connu de Jésus. J'ai connu plusieurs Marie — y compris bibliquement —. J'avais un oncle qui s'appelait Joseph. Bonnet d'âne : oui bien sûr ! Et quartier de bœuf. Et cérémonie du mouton. Gas, Mel, Bal ! Et un et deux et trois anges passent…

Je pense que je pourrais faire tenir tout ça dans une boîte, bien enveloppé dans du papier cristal, en haut sur l'étagère. Un faux trésor que je ressortirais tous les ans, et que je poserais là au centre de la table, pour être religieusement ouvert au milieu de tout le monde sur les coups de minuit. Un pli humain très humain, contagieux comme une angine, un eczéma, un bouton de fièvre… Une prière condamnée à creuser les ans et les os. Un fragment de l'âme. Un champs de ruines.

Lorsque Zeus offrit la main de Pandore à Épiméthée, celle-ci apporta avec elle une boîte mystérieuse qui lui était interdit d'ouvrir. Lorsque — après de probables et interminables ruminations dantesques — elle finit par y céder, s'en échappèrent ensemble tous les maux de l'humanité. La vieillesse, la maladie, la guerre, la famine, la misère, la folie, le vice, la tromperie, la passion et… Plus mystérieux encore : l'espérance !
En vérité, ce qui avait jailli de la boîte de Pandore avait un seul et même nom : le Temps.