Luigi Éden-Théa aimait à dire que son mot préféré dans le corpus de la langue française était le mot comme. Oui c'est peut-être un mot confondant de banalité disait-il, je veux bien vous l'accorder. Mais pour moi, ce mot c'est la liaison entre toutes les histoires, entre tous les personnages, entre toutes les images et donc entre tous les livres. C'est le lien entre les auteurs, entre les lecteurs et entre ces deux espèces mêmes. C'est un mot qui ressemble à n'importe quel autre, soit. Un mot dictionnaire. Mais n'importe quel mot, n'importe quelle chose, n'importe qui ou quoi peut-être comme. C'est toute la question d'ailleurs ! Par le mot comme commencent et finissent tous les livres, et c'est à cette aune vide que l'on juge, déjà, de toutes les difficultés qu'il gît à les écrire, disait-il. Nommer, dénommer, comparer c'est dire et c'est communiquer. S'il n'avait pas été roulé dans la fange par l'avènement de l'idéologie bourgeoise de domination d'autrui, j'aurais peut-être élu le mot de communication au rang de mes préférences. C'est un très beau mot, un grand mot même, comme liberté ou morale… Tiens ! En voilà encore deux mots raflés au trottoir du sens commun, littéralement accaparés par certains, aux seuls dépens des autres — de tous les autres — ! Mais bon, ça, c'est une autre histoire.
VAGUE DE PAPIER SUR LES CORRESPONDANCES ÉLECTRIQUES
Tout a une faim. Et j'ai une bonne demi-douzaine de chiens aboyant-famine aux crocs longuement plantés dans mes mollets. Je suis en colère. Contre moi-même. Je passe mes jours dans la jungle électrique à retourner ma tête dans tous les sens ; le mot de torticolis n'ayant plus le moindre sens pour un cortex défaisant sans trêve la nasse grise de ses méandres. Je vais rentrer sous ma tente. Et peu importe que j'y découvre un désert plutôt que des tentures achéennes et des coussins moelleux… Il n'y a plus de secret. Je dois retourner mes miroirs et entrer méthodiquement dans la nuit. Depuis quelques mois déjà, les espions de La Société Universelle de la Fiction enquêtent sur mon sujet. Leurs rondes silencieuses ont porté leurs pas jusque dans mes rêves sourcilleux, et je crois entendre des murmures et des sons électriques de l'autre côté du mur. Je crois qu'ils se penchent désormais sur mon épaule, comme des anges déchus ou des fantômes. Et ce n'est rien de dire que le sang frais de ce lieu se voit menacé d'ores et déjà d'un crime microbiologique… Le jour précis de son premier anniversaire, le blog du correspondancier est donc menacé —tel un récif corallien près les côtes australiennes— par un immodéré et immérité retour à la fiction, au papier, aux savanes d'encres, aux savantes ratures et aux mille et uns cafés. Il y a désormais un grand péril de déperdition uni-globale de diversité biologique en germe parmi ces lignes, et mes stocks de résistance diminuent à vue d'œil comme ce silence grandit. Nul ne peut dire si quelque prurit électronique fils de l'addiction et de la désinvolture ne me forceront pas la main dans le sens d'épisodiques retours ? Comment savoir. Le pire n'est pas toujours sûr. Néanmoins, ma voix ne sera longue que dans le désert blanc, et je ne peux laisser pour l'instant qu'un souci d'explorateur à mes fidèles lecteurs. Acceptez donc parmi mes remerciements sincères, cet indéfinitif claquement de porte, et les modestes clics spatio-temporels qui vont avec. À bientôt donc, ici ou là…
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dimanche 30 novembre 2008
COMME LE MOT COMME
Luigi Éden-Théa aimait à dire que son mot préféré dans le corpus de la langue française était le mot comme. Oui c'est peut-être un mot confondant de banalité disait-il, je veux bien vous l'accorder. Mais pour moi, ce mot c'est la liaison entre toutes les histoires, entre tous les personnages, entre toutes les images et donc entre tous les livres. C'est le lien entre les auteurs, entre les lecteurs et entre ces deux espèces mêmes. C'est un mot qui ressemble à n'importe quel autre, soit. Un mot dictionnaire. Mais n'importe quel mot, n'importe quelle chose, n'importe qui ou quoi peut-être comme. C'est toute la question d'ailleurs ! Par le mot comme commencent et finissent tous les livres, et c'est à cette aune vide que l'on juge, déjà, de toutes les difficultés qu'il gît à les écrire, disait-il. Nommer, dénommer, comparer c'est dire et c'est communiquer. S'il n'avait pas été roulé dans la fange par l'avènement de l'idéologie bourgeoise de domination d'autrui, j'aurais peut-être élu le mot de communication au rang de mes préférences. C'est un très beau mot, un grand mot même, comme liberté ou morale… Tiens ! En voilà encore deux mots raflés au trottoir du sens commun, littéralement accaparés par certains, aux seuls dépens des autres — de tous les autres — ! Mais bon, ça, c'est une autre histoire.