VAGUE DE PAPIER SUR LES CORRESPONDANCES ÉLECTRIQUES



Tout a une faim. Et j'ai une bonne demi-douzaine de chiens aboyant-famine aux crocs longuement plantés dans mes mollets. Je suis en colère. Contre moi-même. Je passe mes jours dans la jungle électrique à retourner ma tête dans tous les sens ; le mot de torticolis n'ayant plus le moindre sens pour un cortex défaisant sans trêve la nasse grise de ses méandres. Je vais rentrer sous ma tente. Et peu importe que j'y découvre un désert plutôt que des tentures achéennes et des coussins moelleux… Il n'y a plus de secret. Je dois retourner mes miroirs et entrer méthodiquement dans la nuit. Depuis quelques mois déjà, les espions de La Société Universelle de la Fiction enquêtent sur mon sujet. Leurs rondes silencieuses ont porté leurs pas jusque dans mes rêves sourcilleux, et je crois entendre des murmures et des sons électriques de l'autre côté du mur. Je crois qu'ils se penchent désormais sur mon épaule, comme des anges déchus ou des fantômes. Et ce n'est rien de dire que le sang frais de ce lieu se voit menacé d'ores et déjà d'un crime microbiologique… Le jour précis de son premier anniversaire, le blog du correspondancier est donc menacé —tel un récif corallien près les côtes australiennes— par un immodéré et immérité retour à la fiction, au papier, aux savanes d'encres, aux savantes ratures et aux mille et uns cafés. Il y a désormais un grand péril de déperdition uni-globale de diversité biologique en germe parmi ces lignes, et mes stocks de résistance diminuent à vue d'œil comme ce silence grandit. Nul ne peut dire si quelque prurit électronique fils de l'addiction et de la désinvolture ne me forceront pas la main dans le sens d'épisodiques retours ? Comment savoir. Le pire n'est pas toujours sûr. Néanmoins, ma voix ne sera longue que dans le désert blanc, et je ne peux laisser pour l'instant qu'un souci d'explorateur à mes fidèles lecteurs. Acceptez donc parmi mes remerciements sincères, cet indéfinitif claquement de porte, et les modestes clics spatio-temporels qui vont avec. À bientôt donc, ici ou là…


mardi 17 mars 2009

LA SOCIÉTÉ DES ASSOCIATIONS SIMPLES


(…) je ne sais pas, une seule est sûre de chose c'est que si de tous temps les pauvres gens demandent de l'aide et de l'argent aux autres c'est tout simplement parce que l'inverse n'est pas vrai même si ça paraît parfois possible, et que la question n'est donc pas de savoir s'il faut donner ou pas ou peu ou plus et à qui à quand à hue et à dia… la question est toujours là, c'est toujours la même qui se pose à celui qui donne ou ne donne pas, à savoir à cet instant précis où son regard croise la question dans le regard d'un autre étendue là près la bouche d'égout, ça vole un instant, ça tombe et ça prend de la vitesse avant de pour choir en sonnant au fond de soi comme une piécette au fond du tronc paroissial… regard métallique, interrogateur, inquisiteur et profond, qui rassemble tous les romans sous des ailes entamées jusqu'à l'os, jusqu'à la difficulté suprême de n'avoir plus qu'à penser à soi, là perclus dans une bulle crevée qui prend l'air et prend l'eau, qui prend tout de toute part et tout le temps… il y a intervalle, un sas irréductible où ces regards se croisent et oui sont portés à se croire mutuellement, apparaissant et disparaissant en même temps entre les parenthèses coffres-forts du vif et du mystère… mais sans échappatoire fors la mort, je ne sais pas (…)