J'ai beau faire, j'ai beau chercher… je ne connais pas de chien heureux ! Bien sûr j'ai entendu des histoires et des chansons, j'ai lu des faits divers et j'ai lu des livres. J'ai traversé des villes et des paysages ensauvagés mais partout, ce que j'ai vu ce sont des chiens cherchant à se faire aimer sans jamais y parvenir. On les flatte on les nourrit, on les caresse et certes on les vante mais au fond, tout au fond de leur horizontalité ontologique ils savent bien, les chiens, qu'ils ne sont aimés que pour ce qu'ils sont, alors qu'ils aspirent sans cesse — en tirant la langue, en remuant la queue, en allant chercher — à être autre chose qui ne soit pas que chien ; amas pulvérulent de chiennerie ramassé sur la route, amené au dépotoire, brûlé comme un vulgaire déchet et ne faisant qu'un filet de nuit sur le revers de l'horizon. Il y a autre chose dans le regard d'un chien, que ce nom de chien auquel il répond sans mentir.
VAGUE DE PAPIER SUR LES CORRESPONDANCES ÉLECTRIQUES
Tout a une faim. Et j'ai une bonne demi-douzaine de chiens aboyant-famine aux crocs longuement plantés dans mes mollets. Je suis en colère. Contre moi-même. Je passe mes jours dans la jungle électrique à retourner ma tête dans tous les sens ; le mot de torticolis n'ayant plus le moindre sens pour un cortex défaisant sans trêve la nasse grise de ses méandres. Je vais rentrer sous ma tente. Et peu importe que j'y découvre un désert plutôt que des tentures achéennes et des coussins moelleux… Il n'y a plus de secret. Je dois retourner mes miroirs et entrer méthodiquement dans la nuit. Depuis quelques mois déjà, les espions de La Société Universelle de la Fiction enquêtent sur mon sujet. Leurs rondes silencieuses ont porté leurs pas jusque dans mes rêves sourcilleux, et je crois entendre des murmures et des sons électriques de l'autre côté du mur. Je crois qu'ils se penchent désormais sur mon épaule, comme des anges déchus ou des fantômes. Et ce n'est rien de dire que le sang frais de ce lieu se voit menacé d'ores et déjà d'un crime microbiologique… Le jour précis de son premier anniversaire, le blog du correspondancier est donc menacé —tel un récif corallien près les côtes australiennes— par un immodéré et immérité retour à la fiction, au papier, aux savanes d'encres, aux savantes ratures et aux mille et uns cafés. Il y a désormais un grand péril de déperdition uni-globale de diversité biologique en germe parmi ces lignes, et mes stocks de résistance diminuent à vue d'œil comme ce silence grandit. Nul ne peut dire si quelque prurit électronique fils de l'addiction et de la désinvolture ne me forceront pas la main dans le sens d'épisodiques retours ? Comment savoir. Le pire n'est pas toujours sûr. Néanmoins, ma voix ne sera longue que dans le désert blanc, et je ne peux laisser pour l'instant qu'un souci d'explorateur à mes fidèles lecteurs. Acceptez donc parmi mes remerciements sincères, cet indéfinitif claquement de porte, et les modestes clics spatio-temporels qui vont avec. À bientôt donc, ici ou là…
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