VAGUE DE PAPIER SUR LES CORRESPONDANCES ÉLECTRIQUES



Tout a une faim. Et j'ai une bonne demi-douzaine de chiens aboyant-famine aux crocs longuement plantés dans mes mollets. Je suis en colère. Contre moi-même. Je passe mes jours dans la jungle électrique à retourner ma tête dans tous les sens ; le mot de torticolis n'ayant plus le moindre sens pour un cortex défaisant sans trêve la nasse grise de ses méandres. Je vais rentrer sous ma tente. Et peu importe que j'y découvre un désert plutôt que des tentures achéennes et des coussins moelleux… Il n'y a plus de secret. Je dois retourner mes miroirs et entrer méthodiquement dans la nuit. Depuis quelques mois déjà, les espions de La Société Universelle de la Fiction enquêtent sur mon sujet. Leurs rondes silencieuses ont porté leurs pas jusque dans mes rêves sourcilleux, et je crois entendre des murmures et des sons électriques de l'autre côté du mur. Je crois qu'ils se penchent désormais sur mon épaule, comme des anges déchus ou des fantômes. Et ce n'est rien de dire que le sang frais de ce lieu se voit menacé d'ores et déjà d'un crime microbiologique… Le jour précis de son premier anniversaire, le blog du correspondancier est donc menacé —tel un récif corallien près les côtes australiennes— par un immodéré et immérité retour à la fiction, au papier, aux savanes d'encres, aux savantes ratures et aux mille et uns cafés. Il y a désormais un grand péril de déperdition uni-globale de diversité biologique en germe parmi ces lignes, et mes stocks de résistance diminuent à vue d'œil comme ce silence grandit. Nul ne peut dire si quelque prurit électronique fils de l'addiction et de la désinvolture ne me forceront pas la main dans le sens d'épisodiques retours ? Comment savoir. Le pire n'est pas toujours sûr. Néanmoins, ma voix ne sera longue que dans le désert blanc, et je ne peux laisser pour l'instant qu'un souci d'explorateur à mes fidèles lecteurs. Acceptez donc parmi mes remerciements sincères, cet indéfinitif claquement de porte, et les modestes clics spatio-temporels qui vont avec. À bientôt donc, ici ou là…


dimanche 13 juillet 2008

DÉMOCRITE, ÉPICURE, LUCRÈCE, Variations sur…

Expression mélancolique du cosmos… Non ! Je reprends : Expression cosmique de la mélancolie, la neige éclaire de ses molles phosphorescences le trouble de l'être replié sur lui-même dans sa chambre ; ses deux coudes durcissant jusqu'au bois de la table d'existence sur laquelle il écrit. Par la fracture de la fenêtre, il découvre un élan dans la ptôse, dans cette volupté qui s'incline entre les atomes noirs de l'univers infini. Les désirs les plus roides ne se recourbent-ils pas dans leur confrontation avec le cosmos ? Les sens, s'abiment. Et les frustrations de toujours — de tous les jours —, soudainement nagent dans l'air comme des squales édentés. Le replié envisage l'envol… Et c'est alors que surgit ce petit garçon, gravant au canif quelques lettres débiles sur un tronc d'arbre anonyme.

Le grenier de l'âme est plein de ces vieux jouets inanimés rampant dans la mémoire tels des fantômes se prenant les pieds dans leurs vêtements trop grands. Et les forêts semblent meurtries de tant de cœurs mal équarris. On se penche sur les puits en sachant que d'autres y sont tombés, et la pensée endimanchée des souvenirs peut faire d'une broutille d'enfance un paradis perdu, c'est-à-dire un petit enfer portatif qui consume. L'encre ne doit pas — de manière systématique —, remonter la flèche du temps en faisant tourner le sang comme du lait.

Ce qui prend vie dans l'oblique lumineuse de la chute de neige, tout comme ce qui la reprend dans cette danse aveugle des images encloses au grenier cortical, c'est la vélivole preuve de ce à quoi il ne faut ni trop tenir, ni mettre fin… Laissant le poids paradoxal de l'univers agir sur le cœur de leur masse, sur l'inclination même de leurs atomes, tout en retenant le geste brusque, le laisser-aller… Cette main rouge, cette langue chargée, ce besoin pressant qui ne songent qu'à les forger, qu'à les métaboliser aussitôt en mots dorés, en petites amours… Hors il est de nature qu'au dehors, tous se rejoignent à l'infini.